C I.II.III.IV. A
Type
ARCHIVES
Titre(s)
Hôtel Solvay, avenue Louise 224 à Bruxelles (1_HORVI-P-1894.02)
Accès à la consultation
Accès complet, Autorisé
Période chronologique couverte
1894-1903
Zone géographique
Domaine thématique
01-architecture domestique
Période chronologique couverte
1894-1903
Description
Remarquable hôtel particulier de style Art nouveau, conçu par l'architecte Victor Horta pour l'industriel Armand Solvay, le fils d'Ernest Solvay, et son épouse Fanny Hunter, à partir de 1894. Véritable manifeste de la pensée de Horta, cet hôtel est l'une des réalisations les plus abouties de son œuvre : il a bénéficié à la fois d'un budget quasi illimité pour sa réalisation et d'une entente remarquable avec le commanditaire. En outre, il s'agit d'un des bâtiments de Horta les mieux conservés. Le permis de bâtir est introduit en juillet 1895. En 1898, le gros-œuvre est terminé. Horta travaille encore plusieurs années à la décoration intérieure ; les derniers détails de l'ameublement sont réglés en 1903. L'immeuble prend place sur une parcelle de 15 m à front d'avenue et se développe de 20 à 25 m en longueur. La parcelle traverse l'îlot pour aboutir rue Lens ; au-delà du jardin se trouvent les anciennes écuries. L'hôtel Solvay est classé comme monument par l'arrêté royal du 07.04.1988 ; le jardin et les anciennes écuries sont, eux, classés comme monument en totalité par arrêté gouvernemental du 22.04.1999. Depuis 2003, l'hôtel est inscrit, à l'instar d'autres œuvres bruxelloises de Victor Horta, sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco. Restaurations. Au cours du temps, la maison a fait l'objet de destructions partielles suivies de restaurations en conséquence. En novembre 1944, un V1 tombait rue de l'Ermitage, entraînant dans son souffle la destruction de la verrière du bel étage. Elle sera reconstituée en 1982 par les maîtres-verriers Timmermans, sous la houlette du professeur Georges Gyömörey. En 1957, la famille Wittamer-De Camps, couturiers (Valens), rachète l'hôtel pour servir d'atelier et de lieu de présentation de leur collection. Elle le sauve d'une destruction certaine et entame des rénovations et des restaurations. En 1958, le r.d.ch. est démonté pour faire place à deux vitrines servant à présenter les modèles de haute couture de leur firme (architectes Grimaldi & Dehasse et Jean Delhaye). Par la suite, l'hôtel sera restauré par l'architecte Georges Gyömörey, du bureau Raymond Lemaire. Depuis 1988, l'hôtel a fait l'objet de plusieurs restaurations menées par l'architecte Jos Vandenbreeden : reconstitution du r.d.ch., restitution en façade avant des couleurs d'origine, restauration de la façade arrière... Façade à rue traitée de manière sculpturale, composée dans le respect de la symétrie, à la fois subtile et affirmée, d'un dessin relativement sobre comparé à la profusion de l'intérieur. Loin d'apparaître, comme souvent dans l'architecture bruxelloise de cette époque, comme une composition indépendante de l'intérieur, elle en est la résultante logique et élégante côté rue. Façade de quatre niveaux et de trois travées aux étages, en pierre bleue et pierre blanche. R.d.ch. assez bas, traité en pierre bleue à la manière d'un vaste socle pour les étages. Légèrement incurvé, il prolonge naturellement le trottoir et génère souplement, dans sa partie haute et centrale, la terrasse axiale. À gauche, porte cochère abritée par la saillie de l'oriel des étages ; au centre, triplet flanqué de deux petites fenêtres ; à droite, large fenêtre à double meneau métallique, pendant symétrique de la porte. Aux étages, la façade est creusée en son centre. Travées latérales des niveaux médians traitées en oriel, servant chacun d'assise à une terrasse. Au 1er étage, les oriels sont reliés entre eux par une vaste terrasse profilée, à garde-corps en fer forgé légèrement galbé ; ils sont reliés souplement à la travée centrale par un pan de mur concave percé de deux fenêtres. Chaque oriel repose sur deux consoles qui semblent se noyer dans le r.d.ch. Leur face est largement ajourée de vastes fenêtres enchâssées entre des pleins de travée métalliques, scandées de deux colonnettes en fonte continues et protégées par des grilles en fer forgé. Les côtés des oriels se prolongent pour former, au dernier niveau, les joues des terrasses. Au dernier, fenêtres à meneau métallique simple ou double sous corniche profilée. Cordon continu reliant les terrasses et servant d'appui à la fenêtre axiale. Entablement terminal légèrement incurvé et scandé de modillons plats et ciselés ; corniche terminale concave en bois, particulièrement peu saillante. Grande élégance dans la stéréotomie générale, se renouvelant d'une travée ou d'un niveau à l'autre. Attention infinie donnée aux huisseries – comme la porte en chêne largement ajourée et protégée de fer forgé, les châssis, en chêne également, traités à ouvrants ou à guillotine, avec emploi de double vitrage – ainsi qu'aux garde-corps en fer forgé rivetés dont les lignes en courbes et contre-courbes stylisent des végétaux. La couleur des garde-corps est celle d'origine, restituée en 1988-1989. Façade arrière sobre et rationnelle, faisant preuve d'un soin peu commun dans le contexte architectural bruxellois. Traitée en ressauts successifs, elle présente quatre niveaux, plus un niveau de lucarnes dans sa partie la plus en avancée, et cinq travées. Élévation en briques et pierre bleue, parcimonieusement rehaussée de pierre blanche. Baies sous linteau métallique ou à arc en anse de panier. Dans sa partie principale, la façade offre une terrasse à la salle à manger du 1er étage, scandée de dés profilés en pierre bleue. Intérieur. Le programme de l'hôtel Solvay est typique du besoin de représentation d'une grande famille bourgeoise du XIXe siècle et offre à cet égard un cahier de charge assez classique. Cependant, la manière de le traiter offre ici quelque chose de radicalement nouveau. Horta révolutionne l'architecture de son époque à la fois par sa volonté de décloisonner les espaces, par l'affirmation des structures métalliques et de matériaux peu classiques au sein des pièces de vie, et par la transparence de l'espace qui en résulte, par le traitement de la lumière à la fois latéral et zénithal (puits), par le confort d'une climatisation naturelle et par une réelle ergonomie de l'ensemble et du mobilier. La maison, plus qu'un simple objet d'art, s'apparente presque à un organisme vivant, « intelligent », en dialogue avec celui qui y habite. Plan général. Le r.d.ch. est consacré à l'accueil (passage cocher, hall d'entrée, vestiaire, parloir) et au service (cuisine, office). Du hall démarre l'escalier d'apparat. Dans une scénographie bien orchestrée autour de l'escalier à double volée, exaltée à la fois par la monumentale peinture pointilliste de Théo Van Rysselberghe, La lecture dans le parc (1902), par la grande verrière colorée et par le plafond en mosaïque, le bel étage est dévolu aux réceptions. Côté rue, en enfilade, la salle de billard, le salon et le salon de musique. Côté jardin, la salle à manger et l'office. Tous les espaces peuvent être mis en communication par des cloisons vitrées qui s'ouvrent entièrement. Le 3e niveau s'agence autour du palier traité en jardin d'hiver. Il distribue en façade avant les bureaux de M. et de Mme Solvay ainsi que leur chambre à coucher, et à l'arrière, un cabinet de toilette, la salle d'étude et de jeu des enfants. Un mince couloir, le long du mitoyen, double la circulation. À l'entresol prend place l'unique salle de bain de l'hôtel. Le 3e étage est celui des chambres des enfants et de la gouvernante. Le 4e étage fait place à cinq chambres du personnel. Horta a articulé la composition de part et d'autre de deux puits de lumière, l'un éclairant la 1re portion de l'escalier (du r.d.ch. au bel étage) et l'autre prenant le relais à partir du bel étage. Structures, circulations, lumière. La structure de la maison repose en grande partie sur un réseau d'armatures métalliques, qui apparente presque le plan du bel étage à un plan libre. Ces poutrelles, colonnes et autres piliers métalliques, loin d'être gommés par le décor, en font partie intégrante, dans un mélange de matériaux audacieux et tout à fait novateur dans l'architecture privée. Dans cette même idée, tous les plafonds laissent transparaître les voussettes qui les constituent. Les deux 1ers niveaux sont distribués autour de l'escalier à double volée, disposé perpendiculairement au passage cocher. Complètement décloisonné, il constitue un véritable lieu de vie et l'épine dorsale de l'ensemble. Il est relayé à partir du bel étage par un escalier au caractère plus privé, menant jusqu'au 3e étage. Ces escaliers sont doublés par un escalier de service montant de fond jusqu'au niveau des chambres des domestiques éclairé par des baies en façade arrière, par un ascenseur d'origine et par un monte-plats (supprimé en 1958). Partout, Horta fait la part belle à la lumière, jouant à la fois sur les grandes ouvertures en façades à rue (Ouest) et arrière (Est), et sur deux puits de lumière zénithale, l'un éclairant la 1re portion de l'escalier (du r.d.ch. au bel étage) et l'autre prenant le relais à partir du bel étage. Ces puits sont rendus possibles grâce à la charpente métallique du toit partiellement vitré. La lumière naturelle est renforcée par un éclairage artificiel d'origine à l'électricité, dont Horta exploite les possibilités par une série de lustres de sa main, certains jouant de plusieurs dizaines d'ampoules. Climatisation. En outre, Horta a mis au point une véritable climatisation naturelle, basée sur la combinaison inséparable de l'aération et du chauffage. La maison est aérée en permanence par un système de tirage d'air modulable. Le chauffage provient d'une double source : un chauffage par hypocauste sous l'escalier, pulsé par un appel d'air côté jardin ; une série de radiateurs vapeur dans chaque pièce en relation directe avec une grille d'aération en façade. Outre le fait que l'air est toujours renouvelé dans l'hôtel, les phénomènes de condensation sur les marbres et le verre sont inexistants. Matériaux et couleurs. Le raffinement technique s'allie à un raffinement peu commun des matériaux mis en œuvre et savamment agencés entre eux. Pas moins de 23 marbres différents, pour la plupart venus d'Italie ou d'Afrique du Nord, et dix-sept essences de bois, pour la plupart congolaises, sont actuellement répertoriés, donnant à l'intérieur un cachet inimitable. Les couleurs, reposant pour la plupart sur des tonalités de verts et d'orange, jouent sur la complémentarité des tons. Le traitement de la couleur se différencie suivant les lieux, jouant tour à tour d'aplats, de transparence, de camaïeu, de dégradés. La graphie des lignes, qu'elles soient sculptées ou peintes, stylise des végétaux, en courbes et contre-courbes ; le dynamisme graphique influe directement sur la perception globale de l'espace. En outre, plusieurs artistes plasticiens collaborèrent à la décoration de l'hôtel : les sculpteurs P. Braecke, V. Rousseau et T. Van Rysselberghe. Au no 27 rue Lens, bâtiment à usage d'écuries, de remises et de logement, puis de garage, de style Art nouveau, dessiné en 1899 par Constant Bosmans et Henri Vandeveld, architectes qui conçurent notamment la bibliothèque Solvay au parc Léopold. Le bâtiment possède deux façades ouvragées, l'une côté rue, l'autre côté jardin. D'une conception très étudiée, il présente de très beaux détails architecturaux. Aussi n'est-il pas exclu que Horta fut consulté pour la construction de cette annexe. Rue Lens, élévation à rue en briques rehaussées de pierre blanche et de pierre bleue, de trois niveaux de taille inégale et de six travées aux étages. R.d.ch. percé de portes cochères à arc surbaissé à encadrement souple et clavé, celle de gauche percée en 1927, celle de droite en 1906 par le même duo d'architectes. Étages percés de baies sous linteau métallique, carrées ou rectangulaires. Porte-fenêtre, au dernier niveau, devancée d'un balconnet cintré ceint d'un garde-corps en fer forgé à motifs végétaux. Travée de l'escalier formant un léger ressaut cintré et harpé. Corniche en bois flanquée de deux amortissements en pierre. Une des portes est remplacée. Façade côté jardin également ouvragée. Élévation en briques rehaussées de pierre blanche et de pierre bleue, de deux niveaux, caractérisés au r.d.ch. par un plan en U. Vaste auvent vitré, sur consoles métalliques en coup de fouet, doublant un porche dans œuvre. Toiture en zinc hérissée de six cheminées. Menuiseries et ferronnerie conservées. Bâtiment classé les 07.04.1977 et 22.04.1999 (jardin et écuries). http://www.irismonument.be/fr.Bruxelles_Extension_Sud.Avenue_Louise.224.html Consulté le 06/07/2020
Nature du projet
04-nouvelle construction et création
Typologie Archives
Photographies
Localisation des archives
Ixelles